À notre troisième rencontre, il m’explique que selon lui, amour et sexe ne font pas bon ménage. « Comment vais-je réussir à te culbuter par surprise si tu me regardes toujours dans les yeux avec cet air pâmé ? »
Étiquette : Levrette
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Cent-soixante-seize.
Son lit n’est qu’un matelas posé sur le sol, ses draps sont défraîchis et il n’a pas fait le ménage, mais je n’ai pas le loisir de le juger ; j’ai le visage enfoncé dans l’oreiller et il me bourre sans ménagement. Décidément, ce n’est pas aujourd’hui que mon célibat prendra fin.
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Cinquante-sept.
J’explique mon cas au physiatre : « J’ai mal au coccyx, avec tous les coups de queue que je prends dans le derrière… »
Il se tourne, griffonne sur son bloc, puis me tend une prescription sur laquelle je lis : « La patiente se limitera au sexe oral et ira dorénavant embêter un oto-rhino-laryngologiste ».
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Cinquante.
Il s’appelait Rodrigue et c’était notre premier rendez-vous. Nous avions fini la soirée chez moi, alors j’avais pris la responsabilité de briser la glace, puisque nous étions sur mon terrain. Sourire coquin aux lèvres, je lui fis un striptease, puis m’abandonnai dans ses bras. Il enleva sa chemise et je découvris une énorme tache de naissance brune, presque noire, poilue, qui partait de son épaule gauche et rejoignait son nombril. On aurait cru un loup-garou qui aurait suspendu sa transformation. Mon visage devait trahir ma stupeur, car il me dit aussitôt :
— Ça te dérange, hein…
— Quoi ? Qu’est-ce qui me dérange ?
— Mon grain de beauté.
Il ne me serait jamais venu à l’esprit de qualifier ainsi cette protubérance…
— Oh ça? Mais pas du tout… on le remarque à peine…
Il n’eut pas l’air convaincu. Je m’installai alors dos à lui, à quatre pattes sur le lit, et lui dit :
— Vas-y, prends-moi comme une bête.
