Le carnet incarnat

Fragments érotiques

Cent-soixante-six.

Dès que je pose le pied sur le trottoir, je me prépare mentalement à jouer. À la base, le principe du jeu est simple : le premier homme que je croise, j’imagine que je le suce. Le second, qu’il me baise et le troisième, qu’il m’encule. Quant aux femmes, j’imagine que la première me fait minette, que je lèche la deuxième et que je prends la troisième avec mon gode ceinture.

Selon les règles strictes que je me suis imposées, j’ai le choix de commencer le jeu quand bon me plaît, mais il me faut en assumer les suites : même si le deuxième est laid, vieux, puant et repoussant, je dois quand même les laisser me fourgonner. Idem pour la deuxième, que je dois gamahucher même si je soupçonne que ça chatte empeste le hareng saur défraîchi. C’est un sale jeu, va sans dire, mais je dois boire la coupe jusqu’à la lie, c’est une question d’honneur. S’il s’agit d’un groupe, la lecture se fait de gauche à droite. Si le genre d’un individu est ambigu – comme cela arrive fréquemment – iel a accès aux options orales et au le gode ceinture, mais si iel tombe sur « baise-moi » ou « encule-moi », iel passe son tour. Les enfants et les chiens sont exclus d’office, mais il m’est arrivé une fois — à ma très grande honte — de faire entorse à ce règlement pour un labrador noir comme le péché.

Le jeu se termine lorsque, de retour à la maison, je referme la porte derrière moi, la chair à vif et les nerfs tendus comme les cordes d’un violon.

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