Angélique prend le cahier incarnat, l’inspecte un long moment, le renifle.
— Qu’est-ce que tu fais, lui demandai-je.
— Je suis déçue, je t’avoue. Ma sœur se plaint que son mari se branle continuellement devant son ordinateur et moi, l’idiote, je me félicitais que ça ne pouvait jamais m’arriver parce que je vis avec une femme.
— Je ne me branle pas devant l’ordinateur, j’écris ! Et à la plume, par-dessus le marché !
— Dans ton cas, je trouve que c’est rigoureusement la même chose, si je me fie à ce que je lis… et à ce que je vois ici… dit-elle en pointant du doigt des taches suspectes sur les pages du cahier incarnat.
Et moi, pendant qu’elle me dit tout ça, je gratte pour la faire disparaître la fine couche saline de cyprine séchée qui recouvre les boutons de ma souris.

Laisser un commentaire