Cette nuit, j’ai encore fait le même rêve où tous les hommes de l’univers connu sont à ma disposition.
Je suis libre de mes mouvements, j’erre dans une ville immense – une ville qui m’est familière, qui recouvre la surface de la terre. Il y fait chaud, les gens portent des vêtements d’été, mais moi je suis toujours nue, rasée, épilée, prête à tout. Lorsque j’ai faim, j’entre dans une maison, n’importe laquelle, et l’on me nourrit. Je pisse et défèque n’importe où, comme les chiens. Je dors où le sommeil me prend. Je n’ai pas de maison. Rien ne m’appartient en propre, mais le monde est à moi.
De temps en temps, un homme se présente, il me plaît, alors je le prends par le bras, je l’entraîne dans une maison ou sur un banc de parc ou bien encore dans l’escalier de marbre d’un quelconque bâtiment public. Là, je profite de son corps comme bon me semble, comme on fume une cigarette en s’adossant au mur, dans la chaleur tranquille de midi. Il leur est évidemment interdit de se refuser à moi – d’ailleurs il semble que ça ne leur traverse jamais l’esprit de dire non à quoi que ce soit. Une fois que j’ai bien joui ou que j’en ai eu assez, nous échangeons quelques mots, parfois des caresses et des baisers, mais jamais bien plus. Ils retournent vaquer à leurs occupations et moi, je me remets à faire ce que je fais le mieux : me contenter de vivre.
Chaque fois que je fais ce rêve, je ne croise ni n’aperçois aucune femme. C’est pour moi une évidence qu’il n’existe pas dans ce monde d’autres créatures pourvues de seins et de cette fente toujours humide à la naissance des jambes. La planète toute entière tourne autour de mon sexe ; des météores s’y précipitent en hurlant, c’est l’horizon des événements, la surface de non-retour qui avale tout à proximité. Des faisceaux de neutrinos la défoncent à chaque fraction de seconde. L’axe du monde passe par le centre de mon vagin, à égale distance des parois brûlantes.

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